• Porteur(s) du projet : Estelle JOLY
• Date : 30/01/2016
• Contexte : Partie 1 de la synthèse : comment entrer en matière ? Systématiquement nous rentrons dans le générique et par conséquent le film par la musique.

«La voix est un sens. Le sens de l’affect le plus grand qui soit, dans toutes ses variations, l’affect de dire le vivre. […] La vie intellectuelle est incompréhensible, impossible même, sans l’affect. […] La voix, c’est du sujet.» Henri MESCHONNIC

Cette citation est tirée de l'avant propos de l'ouvrage de Marie-France Castarède Au commencement était la voix, ERES, 2005

Henri Meschonnic est un théoricien du langage, essayiste, poète et traducteur français du XXIème siècle. Il fait appel aux théories développées sur la voix comme notamment les psychanalystes Didier Anzieu ou Denis Vasse. Selon eux, la voix serait l'affect sonore le plus grand chez l'être humain.

La voix : ensemble des sons émis par l’être humain. C’est une expiration sonorisée qui sert de support à la production de la parole et du langage. Ce sont deux petits muscles placés dans la trachée : les cordes vocales qui sont à l'origine de la voix. Les cordes vocales vibrent avec la rencontre de l'air expiré et produisent ainsi du son.(à ne pas confondre avec la parole et langage)

La parole : organisation des sons de la langue les uns avec les autres pour former des mots.

Le langage : contenu de la parole. Idées que l’on veut exprimer, dire.

L'affect : Apparu au XXème siècle, le mot affect désigne l’état élémentaire affectif d’un sujet face à des situations extérieures. Ces humeurs, ces émotions et ces sentiments sont des réactions qui peuvent être positives, négatives, agréables ou désagréables. L’affect est involontaire et inconscient. Incontrôlable, il participe à des effets de pulsion dans le comportement d’un individu. L’intellect s’oppose donc à celui ci. Grâce à l’affect, il fait des expériences sensibles.

Pour expliquer leur théorie les psychanalystes remontent au stade prénatal. Lorsque l’enfant est dans le ventre de sa mère il entend (en particulier la voix de sa mère) avant de voir. De ce faite, il crée un réseau tissé par des liens extérieurs. On nomme cela la toile ombillicaire. À sa rupture, la voix de la mère est un substitut et permet à l’enfant de prendre sa place dans son monde. La voix remplace aussi le lien du sang. Le cordon ombilical faisait office de cordon téléphonique. Lors de sa rupture, une plaie se crée chez l’enfant, c’est la première expérience douloureuse pour l’enfant. Depuis le ventre de sa mère, l’enfant a déjà enregistré des bruits, des paroles et des mouvements qui ont générés des émotions et construits un certain affect.

Dans la citation Henri Meschonnic met en évidence l’aspect fondamental de la voix. Plus qu’un moyen de s’exprimer, elle place et développe l’individu en tant que tel dans son environnement. En désignant la voix comme «le plus grand affect qui soit», il renvoie au stade prénatal. La voix est sujet car à travers celle ci, l’individu exprime son état même, le rendant humain. Il illustre ce propos en utilisant les termes «l’affect de dire le vivre». C'est l'organe de l'émotion (cris, pleurs, rires). Invisible et intérieur, elle est une empreinte digitale.

D’autre part, si «la vie intellectuelle est incompréhensible, impossible même, sans l’affect» c’est que l’être humain ne peut se limiter à posséder seulement un intellect. Il se réduirait à l’état de machine. Il serait d’autant plus impossible pour lui de ne posséder aucun affect, car ses états affectifs se déroulent dans lors de situations extérieures avec l’interaction avec autrui.

De l’origine de cette théorie, Alexandre Tylski dans son livre Le générique de film, histoires et fonctions d'un fragment hybride en fait une analogie avec l'ouverture d’un film. À l’image du stade prénatal, bien des films commencent par une entrée sonore avant même l’image. Une des raisons principales selon lui est l’immersion physique qu’elle permet.