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Petite fiche de lecture
Léa Hermann

//La Chambre claire//-Roland Barthes

ANNALYSE PERSONNELLE suite à la lecture du livre :

L’auteur définit trois points de vues sur la photographie : -L’opérator, qui est le photographe, l’oeil à travers le cadre. -Le spectator, celui qui va regarder la photographie -Le spectrum, l’objet, le référent, ce qui est photographié (« parce que ce mot garde à travers sa racine un rapport au « spectacle » et y ajoute cette chose un peu terrible qu’il y a dans toute photographie : le retour du mort. »)

Étymologie : Spectrum : vient de « specto » (« specio »), qui en latin signifie « je regarde ». En Latin Spectum signifie spectre, fantôme ou encore illusion, simulacre. (même racine que Spectacle)

Ce que l’on voit mais qui n’a pas d’existence réelle. C’est pour cela que Roland Barthes associe la photographie à la mort : la photographie « répète mécaniquement ce qui ne pourra jamais plus se répéter existentiellement ». On comprend plus l’implication de la mort dans sa démarche par la suite.

L’auteur constate que deux types de photographies se démarquent à ses yeux, celles qui provoquent chez lui un plaisir à les observer, et les autres, qui l’indifférent. Il va donc chercher quelles sont les constantes qui vont lui permettre d’apprécier ou non une image. Il va donc dégager plusieurs éléments, caractéristiques de ces photographies.

Parmi ces photographies, il y a celles pour lesquelles Barthes va éprouver un « affect moyen », qu’il va nommer « studium ». C’est une sorte d’intérêt intellectuel, la photographie est alors est un morceau d’histoire, elle informe, représente, surprend, fait signifier, donne envie…

Il y a ensuite le punctum, l’attirance provoquée par le détail. Ce dernier peut être provoqué par la présence de deux éléments qui « cohabitent » sur le même espace alors qu’ils n’appartiennent pas au même monde. Il ouvre sur une autre dimension, hors de l’image.

Roland Barthes cherche « l’essence » du punctum.

La photographie n’est pas une copie du réel, comme peut l’être la peinture, c’est une émanation du réel, une réaction chimique et physique (captation du réel). Selon Barthes, la photographie est “représentation pure du temps”. Le punctum c’est ainsi la folie de la photographie, c’est ce qui la rend immaîtrisable.

Le photographe saisit un instant où la personne photographiée n’est ni sujet ni objet, elle se sent devenir un objet, elle vit une « une micro-expérience de la mort ». Cette personne ne s’appartient plus en quelque sorte, elle n’est plus elle, elle est un objet-photo que le monde sera libre de lire, d’interpréter, etc… La photographie apporte une certitude de l’existence d’un objet devant la caméra.

Les citations importantes du livre

(I)

« Ce que la Photographie reproduit à l’infini n’a eu lieu qu’une fois : elle répète mécaniquement ce qui ne pourra jamais plus se répéter existentiellement. »

« Telle photo, en effet, ne se distingue jamais de son référent (de ce qu’elle représente), ou du moins elle ne s’en distingue pas tout de suite ou pour tout le monde (ce que fait n’importe quelle autre image, encombrée dès l’abord et par statut de la façon dont l’objet est simulé) : percevoir le signifiant photographique n’est pas impossible (des professionnels le font), mais cela demande un acte second de savoir ou de réflexion. »

« La Photographie appartient à cette classe d’objets feuilletés dont on ne peut séparer les deux feuillets sans les détruire : la vitre et le paysage, et pourquoi pas : le Bien et le Mal, le désir et son objet : dualités que l’on peut concevoir, mais non percevoir (je ne savais pas encore que de cet entêtement du Référent à être toujours là, allait surgir l’essence que je recherchais). »

« faire, subir, regarder » L’Operator Le Spectator le Spectrum (parce que ce mot garde à travers sa racine un rapport au « spectacle » et y ajoute cette chose un peu terrible qu’il y a dans toute photographie : le retour du mort.)

« Il me semblait que la Photographie du Spectator descendait essentiellement, si l’on peut dire, de la révélation chimique de l’objet (dont je reçois, à retardement, les rayons), et que la Photographie de l’Operator était liée au contraire à la vision découpée par le trou de serrure de la camera obscura. »

« je voudrais bien savoir ce qui, dans cette photo, fait tilt en moi »

« Dans ce désert morose, telle photo, tout d’un coup, m’arrive ; elle m’anime et je l’anime. C’est donc ainsi que je dois nommer l’attrait qui la fait exister : une animation. La photo elle-même n’est en rien animée (je ne crois pas aux photos « vivantes ») mais elle m’anime : c’est ce que fait toute aventure. »

« – Eh bien, oui : la Photo est dangereuse), en la dotant de fonctions, qui sont pour le Photographe autant d’alibis. Ces fonctions sont : informer, représenter, surprendre, faire signifier, donner envie. »

« Ce n’est pourtant pas (me semble-t-il) par la Peinture que la Photographie touche à l’art, c’est par le Théâtre. »

« la Photo est comme un théâtre primitif, comme un Tableau Vivant, la figuration de la face immobile et fardée sous laquelle nous voyons les morts. »

« La Photographie est unaire lorsqu’elle transforme emphatiquement la « réalité » sans la dédoubler, la faire vaciller (l’emphase est une force de cohésion) : aucun duel, aucun indirect, aucune disturbance. La Photographie unaire a tout pour être banale, l’« unité » de la composition étant la première règle de la rhétorique vulgaire (et notamment scolaire) : « Le sujet, dit un conseil aux amateurs photographes, doit être simple, débarrassé d’accessoires inutiles ; cela porte un nom : la recherche de l’unité. » »

« Mapplethorpe fait passer ses gros plans de sexes, du pornographique à l’érotique, en photographiant de très près les mailles du slip : la photo n’est plus unaire, puisque je m’intéresse au grain du tissu. »

« ici, la photographie se dépasse vraiment elle-même : n’est-ce pas la seule preuve de son art ? S’annuler comme medium, n’être plus un signe, mais la chose même ? »

« La subjectivité absolue ne s’atteint que dans un état, un effort de silence (fermer les yeux, c’est faire parler l’image dans le silence). »

Différence entre pornographie et érotisme : le cadrage.

(II)
« qui est la publicité du privé : le privé est consommé comme tel, publiquement »

« Le regard photographique a quelque chose de paradoxal que l’on retrouve parfois dans la vie : l’autre jour, au café, un adolescent, seul, parcourait des yeux la salle : parfois son regard se posait sur moi ; j’avais alors la certitude qu’il me regardait sans pourtant être sûr qu’il me voyait : distorsion inconcevable : comment regarder sans voir ? »

« La Photographie devient alors pour moi un medium bizarre, une nouvelle forme d’hallucination : fausse au niveau de la perception, vraie au niveau du temps : une hallucination tempérée, en quelque sorte, modeste, partagée (d’un côté « ce n’est pas là », de l’autre « mais cela a bien été ») : image folle, frottée de réel. »

« Folle ou sage ? La Photographie peut être l’un ou l’autre : sage si son réalisme reste relatif, tempéré par des habitudes esthétiques ou empiriques (feuilleter une revue chez le coiffeur, le dentiste) ; folle, si ce réalisme est absolu, et, si l’on peut dire, originel, faisant revenir à la conscience amoureuse et effrayée la lettre même du Temps : mouvement proprement révulsif, qui retourne le cours de la chose, et que j’appellerai pour finir l’extase photographique. »

wiki/memoires/l-ombre-d-un-doute-photographie-de-presse-et-medias-numeriques/lachambreclaire.txt · Dernière modification: 2021/04/11 22:41 (modification externe)