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Le bijou - L'ornemental amoureux

Alors que Loos dénonce la «culture des apparences et de l’ornemental » de la Sécession Viennoise, Klimt fait danser ses serpents d’eau, provoque une crise de la mimesis et de la perspective au cœur de l’académisme Austro-Hongrois. Il vise un Art total providentiel, «l’aspiration au bonheur de l’humanité souffrante, qui cherche son apaisement dans les arts».

L’œuvre de Klimt, à cheval entre passé et avenir, fusionne le Naturalisme traditionnel des visages, des cuisses, des mains et des seins à un symbolisme chargé d’Eros, de feuilles d’or et de pierres précieuses. Tant de bijoux qui ornent somptueusement les corps léchés. L’ornement y est amoureux, la chair en extase et incrustée de joyaux, l’érotisme à la fois névrosé et indolent, les femmes lascives et fatales. Les toiles de Klimt sont des chimères, des produits de la modernité, de la décadence créative Austro-Hongroise de ce début de siècle à la libido débordante. L’ornement y conjugue les différents motifs empruntés à Byzance et à l’Egypte, au Gothique et au Celtique. Il sublime les corps et dissimule une nudité trop crue. L’or pur, les perles, les pierres et les nacres composent ce jardin des gemmes, jardin sacré de l’épopée de Gilgamesh où poussent émeraudes et topazes et des arbres tombent des pommes d’or massif. L’arbre de vie enroule et déroule ses branches en spirales dans un flux dynamique qui s’enveloppe et se développe continuellement, une métaphore cosmique, une gestuelle entre passé, présent et avenir.

Quand Loos méprise l’ornement, c’est pour ses formes lourdes et pompeuses, ses fards cache-misère alors que la modernité recherche la pureté, l’économie, l’autonomie. Il lui reproche justement son manque d’indépendance, de n’avoir aucune valeur esthétique propre si ce n’est celle d’une époque primitive obsolète largement dépassée. Mais à l’ornementation « cache-misère » s’oppose l’ornemental amoureux de Klimt et des bijoux, de ses gestes de parure qui portent la tendresse et la dévotion à l’être aimé et le transfigurent par le désir amoureux. Tel un traitement de faveur, une attention toute particulière, l’ornement distingue ce qui mérite d’être orné de ce qui ne l’est pas. C’est là son rôle et sa profondeur. C’est bel et bien l’Amour qui motive et pousse à l’acte. A ce propos, Jacques Dewitte cite l’exemple de la ville de Florence :

«Les habitants d’une ville comme Florence n’ont pas aimé leur cité parce qu’elle était belle, grande et couverte de gloire : Ils l’ont parée et recherché pour elle la gloire parce qu’ils l’aimaient et l’honoraient déjà».

wiki/memoires/ornement/ornement/bijou.txt · Dernière modification: 2015/03/16 14:04 (modification externe)